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De l’art qui éveille le militantisme : deux nouvelles expositions commencent au MCDP

Winnipeg, Manitoba, le 29 avril 2021 – Des œuvres d’art puissantes qui ont inspiré des actions en faveur des droits de la personne dans le monde entier sont présentées dans le cadre de deux expositions qui seront inaugurées demain (30 avril) au Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP).

Des visages d’anciennes captives yézidies, immortalisés dans des masques en papier mâché suspendus aux barreaux d’une cage d’acier. Sur des étagères inspirées de celles des équipes médico-légales, 8 372 minuscules tasses à café bosniaques disposées dans des plateaux. Un paysage sonore fait de chuchotements et de chants interdits enveloppe une installation d’oreilles « trophées » dorées. Des centaines d’objets provenant des pensionnats autochtones du Canada et enchâssés dans une structure en cèdre, formant une « couverture » de vérité et de mémoire.

« Ces artistes ont agi, par leurs œuvres, en faveur d’un monde qui respecte les droits et la dignité de tout le monde », souligne Isha Khan, directrice générale du MCDP. « Leur “artivisme” nous aide à comprendre que nous avons tous et toutes un rôle à jouer dans la reconnaissance et la prévention de la violence de masse et des génocides. Parfois, l’art est la seule façon de faire passer ces messages importants et de les faire prévaloir, surtout à des moments où les voix dissidentes sont réduites au silence. »

La première nord-américaine d’Artivisme présente des œuvres d’artistes et de collectifs artistiques d’Argentine, de Bosnie-Herzégovine, d’Indonésie, du Kurdistan irakien et d’Afrique du Sud, ainsi que des œuvres d’art et des objets sacrés du Centre national pour la vérité et la réconciliation du Canada, à l’Université du Manitoba. L’exposition – présentée une seule fois auparavant à la prestigieuse Biennale de Venise en 2019 – encourage les gens à faire face à la réalité des atrocités passées et à s’engager à entreprendre des actions qui créent un changement dans leur propre communauté.

Couverture des témoins : Un héritage à préserver est la première exposition publique de cette œuvre d’art canadienne monumentale depuis que le Musée et l’artiste Carey Newman ont conclu un accord unique et historique en 2019 pour en prendre mutuellement soin. Les personnes qui viennent voir la Couverture seront initiés aux besoins particuliers de conservation de cette installation percutante, composée de plus de 800 objets témoins des histoires des survivant·e·s des pensionnats autochtones de tout le pays.

L’exposition Artivisme a été réalisée par le Auschwitz Institute for the Prevention of Genocide and Mass Atrocities; ses commissaires sont Kerry Whigham, Francesca Giubilei et Luca Berta.  Elle comprend un « Défi 60/60/60 », créé en collaboration avec le National Center for Civil and Human Rights d’Atlanta, en Géorgie. Cette partie de l’exposition invite les gens à prendre des mesures concrètes en faveur des droits de la personne (décrites sur une série de cartes), qu’ils aient 60 secondes, 60 heures ou 60 jours à y consacrer. L’exposition est présentée avec le généreux soutien de la Burns Family Foundation et de la Canada Vie.

La Couverture des témoins est une œuvre d’importance nationale créée par l’artiste kwakwaka’wakw et salish du littoral Carey Newman (Hayalthkin’geme), un maître sculpteur basé à Victoria. Cette œuvre de 12 mètres de long, qui contient des objets recueillis sur les sites et auprès de survivant·e·s de tous les pensionnats autochtones du Canada, est devenue un cadre pour des conversations sur le génocide des peuples autochtones au Canada. L’exposition actuelle est présentée grâce à une importante aide financière du partenaire principal, Groupe TD Prêts à agir, avec le soutien additionnel de la Winnipeg Foundation.

Au sujet d’Artivisme

L’art crée de l’espace pour des conversations, y compris sur des sujets difficiles à aborder. L’art évoque des émotions puissantes, transcendant les frontières, les cultures et les langues pour nous aider à nous rapprocher les uns des autres. Artivisme met en lumière le travail de six artistes et collectifs artistiques (voir le film de l’exposition) qui ont utilisé l’art comme un instrument de militantisme en réponse au génocide et à la violence de masse.

Centre national pour la vérité et la réconciliation

Au cours des audiences de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR), des milliers d’objets personnels ont été déposés dans la boîte en bois cintré pour exprimer la persévérance, la réconciliation et l’espoir en l’avenir. Chacun de ces objets est animé de l’esprit de la personne qui l’a donné. En acceptant ces objets comme formes de témoignage, la CVR a reconnu que le savoir et l’expérience des personnes autochtones sont incarnés dans de nombreuses choses.

Les objets, images et œuvres d’art sacrés présentés dans cette section d’Artivisme font partie de ces contributions. Ils témoignent non seulement du génocide, du traumatisme et de la survie, mais servent également à préserver et à promouvoir les cultures autochtones que les pensionnats ont tenté de détruire.

L’œuvre centrale, réalisée par l’artiste crie Linda Young de Saskatoon, représente une balançoire vide pour bébé (wêwêpison), suspendue à un bouleau. La balançoire est fixée par des dizaines de sachets pour tabac contenant les restes déchiquetés de l’histoire de 83 pages qu’elle a présentée en tant que survivante d’un pensionnat lors des audiences officielles.

Au sujet de Couverture des témoins : Un héritage à préserver

« Je pense que l’un des grands pouvoirs de l’art est sa capacité à accéder à quelque chose au-delà de notre esprit, à toucher notre cœur, et à nous faire ressentir quelque chose. » — Carey Newman (Hayalthkin’geme)

Le but de la conservation de cette œuvre d’art importante n’est pas de garantir sa pérennité. Il s’agit plutôt d’honorer l’esprit de chaque objet, de chaque voix et de chaque communauté représentés dans l’œuvre d’art, en s’appuyant sur un accord de responsabilité unique qui accorde une importance égale aux traditions autochtones et au droit occidental. Cela signifie que certains objets se détérioreront naturellement, comme une chaussure d’enfant recouverte de mousse provenant d’une école du Yukon, ou les tresses coupées dans les cheveux de la sœur de l’artiste.

Cette exposition présente non seulement la Couverture des témoins, visuellement impressionnante, mais aussi la boîte Grizzli en bois cintré, sculptée par Carey Newman pour contenir l’accord historique lorsque celui-ci a été animé dans le cadre d’une cérémonie en 2019 à Kumugwe, la grande maison de la Première Nation K’ómoks sur l’île de Vancouver. La cérémonie marquait la première fois dans l’histoire du Canada qu’une société d’État fédérale ratifiait un contrat juridiquement contraignant selon des traditions autochtones. L’accord reconnaît que personne ne peut « posséder » cette œuvre d’art extraordinaire et que la Couverture des témoins a ses propres droits. De plus, il confie au Musée et à l’artiste la responsabilité partagée de son entretien.

Les membres du public pourront également découvrir le rôle et les tâches des spécialistes en conservation du Musée et voir les outils que ces personnes utilisent dans leur travail. À l’aide d’une application iOS mobile, les gens peuvent également découvrir l’histoire de chaque objet de la Couverture au moyen d’une expérience interactive.

« Pour moi, la Couverture des témoins a toujours été une façon de dire la vérité et de la consigner », signale Carey Newman, dont le père était un survivant d’un pensionnat. « Ce que j’espère que les gens ressentent en la voyant, c’est un sens de cette vérité collective qui est véhiculée par tous ces objets et toutes ces histoires. »

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